Séjour en Laponie finlandaise

Tout d’abord, c’est un truisme, il fait froid en Laponie. Nous sommes arrivés par -30° qui sont descendus à -15° le plus souvent avec même une journée qui a frôlé le 0 degré !! Comme quoi le réchauffement climatique touche tout le monde, les autochtones trouvent évidemment ce type de phénomène présent depuis environ 5 ans, complètement anormal. Ce dérèglement pose notamment le problème de la sécurisation des rivières et lacs gelés sur lesquels on circule mais aussi de la difficulté pour les rennes de se nourrir de lichens car les alternances de température avec de la pluie font glacer les sols et emprisonnent leur nourriture. 
Le froid est beaucoup plus sec que chez nous, donc plus supportable même si nous devions bien nous couvrir : des sous vêtements thermiques, 3 paires de chaussettes et deux paires de gants minimum sans oublier, cagoule, écharpe et bonnet. On a pris deux tailles de plus là-bas, de vrais bibendums !! Prendre une photo à -30° relève du défi car les mains s’engourdissent de suite et le téléphone au mieux se décharge à vitesse grand V ou au pire, s’éteint car trop froid. Il faut toujours essayer de le garder dans une poche intérieure bien au chaud et pas dans les poches. A signaler, tout le territoire est couvert par la 4G, même dans ces régions peu peuplées, étonnant et remarquable!! Les cils et moindres poils du visage deviennent tout blancs de givre, on ne rajeunit pas !!
Autre phénomène à signaler, le jour à cette époque, se lève vers 8H et se couche vers 15h30/16H, ce qui rythme les activités, même si on prend l’habitude de faire des trucs de nuit, du coup !!

Nous avons ainsi commencé la journée par une initiation à la conduite des chiens de traineaux. Les attelages étaient composés de  5 chiens (2-1-2) , tous des huskys mais de race variée, le husky de Sibérie étant le plus représenté, le plus jeune avait un peu plus d’un an et le plus âgé dix ans.
Il faut les entendre impatients,  aboyer, japper pour aller faire du traineau,  tout un rituel, toute une ambiance.
Nous avons appris à faire le musher nous-mêmes, en ayant soin de bien respecter les distances entre les traineaux pour ne pas blesser les animaux et donc de maîtriser la grosse « pédale » de frein et aussi de compenser les virages pour ne pas verser !!

L’après -midi, c’était l’initiation à la motoneige. C’étaient des 600 cm3, non bridées !! Là aussi, apprentissage technique d’autant que la neige n’était pas des plus faciles et aussi apprentissage des signes que chacun doit faire sur la moto, pour indiquer les dangers, ralentissements, arrêts et départs.
Nous, tout nous a plu et quitte à être là, nous avions décidé de tout faire sauf le village du Père Noël à Rovianiemi, très touristique et sans charme particulier à cette époque de l’année.
 

Première excursion : la ferme de rennes.

Les rennes représentent l’élevage majoritaire, ce sont un peu nos vaches!! Les éleveurs font majoritairement partie du peuple des rennes, les Samis, qui sont répartis en Finlande mais aussi en Norvège, en Suède et un peu en Russie.
Les exploitations sont de tailles très variables et il convient de ne jamais demander à un éleveur combien il a de bêtes, cela reviendrait à lui demander son salaire annuel ou son compte en banque et ce serait très irrespectueux !!
C’est une activité qui s’exerce le plus souvent en famille. Pour élever des rennes, il faut avoir une force physique certaine : si dans une fratrie, le premier n’est pas très costaud, on attend le suivant pour lui confier plus tard l’exploitation familiale !!!. Quelques femmes sont éleveuses mais cela reste minoritaire. Les rennes vivent le plus souvent dans la forêt en liberté. Nous en avons donc vu très peu, notre conception d’une ferme est très virtuelle ici. Les rennes ne sont pas réputés pour leur intelligence remarquable, ce sont les finlandais qui le disent !! Ils ont de gros yeux globuleux et sont très craintifs. 

Donc pas de grands gestes et on murmure à côté d’eux !! Moi, je les trouve très jolis par ailleurs. On a vu comment les attraper avec une sorte de lasso, le suopunki,  encerclant leurs cornes;  à signaler, les femelles aussi sont pourvues de cornes !! Cela permet de rassembler tous les jeunes dans des enclos aux beaux jours et de les marquer, pour que chaque famille reconnaisse son cheptel. Tout le monde se réunit alors.

Rien n’est gâché dans le renne, entre la peau et la « fourrure » remarquables couvertures isolantes disposées partout ou servant d’habits ou de chaussures remplies de paille, la viande, les bois pour la décoration et tous les objets du quotidien. Seuls les yeux ne sont pas utilisés, parait-il. Les signalisations sur les routes des passages de rennes sont nombreuses car n’oublions pas, c’est la première cause d’accidents de la route en Laponie, les rennes ayant des réflexes contraires au bon sens quand ils voient une voiture !!
L’après-midi , initiation au ski de fond mais comme il faisait très froid, c’était compliqué pour les traces et il faisait nuit en plus, la piste étant allumée jusqu’à 23 heures. Quelques chutes mais on aura essayé !!

Troisième excursion

Nous avons renoué avec les chiens de traineaux pour une balade de 13 kms. On se prend d’affection pour eux, ils sont très câlins, attachants et super beaux. Ça permet beaucoup de complicité, on a eu du mal à les quitter. Il neigeait le jeudi, on avait mis nos masques de ski car le blizzard cinglait fort les joues mais ce blanc cotonneux qui tombait avait du charme aussi.
L’après-midi, on s’est essayé aux raquettes, sortie sportive et fatigante aussi car le temps s’était radouci et on n’avait pas allégé nos tenues donc on pesait une tonne et on avait très chaud du coup et la balade était vallonée !!

Quatrième excursion : pêche blanche.

Pour notre dernier jour avant le départ, nous sommes allés sur la rivière gelée, Kemijoki, pécher et apprendre à faire du feu. Il y a trois grandes sortes d’arbres dans la région, l’épicéa, le bouleau et le pin sylvestre. On a appris à peler avec un couteau appelé puukko des branches de pin sylvestre en faisant des copeaux ébouriffés et à les bruler comme cela, efficace. On a foré le lac, dégagé la neige et la glace, puis on a mis la canne à pêche avec un petit moulinet. On a eu une touche mais le poisson a mangé notre asticot et a été plus rapide que nous. Le combre, à la chair très fine, est le poisson recherché de la région, seule une personne dans le groupe a réussi à en pécher un !!
 

L’autre phénomène unique qui a rythmé nos soirées, ce sont les aurores boréales. Pour les finlandais les aurores boréales, appelées revontulet, représentent dans la tradition "la queue  du renard en feu qui frappe la neige et qui produit ainsi des étincelles qui montent vers le ciel". C’était la pleine saison. Pour les voir, il faut en plus du phénomène physique les produisant, un ciel dégagé et aussi un endroit avec de la perspective, soit pour nous la rivière gelée ou la clairière. Des applications vous indiquent la potentialité de voir des aurores boréales, souvent à partir de 21/22h et quand l’indice KP s’agite vers 4 sur une échelle de 9, on abandonne ce qu’on faisait. Même si on dîne, on va se rhabiller vite fait et on court tous vers les endroits propices à voir les aurores puis on attend. On en a passé des heures sur la rivière gelée et dans la clairière à pas d’heure, et on a eu la chance de voir 3 épisodes dans la semaine !!
Après, ce n’est pas l’embrasement du ciel qu’on imaginait et souvent les photos étaient plus denses que ce que l’on voyait mais ça reste magique quand même et ça se déplace, donc c’est sans cesse renouvelé. On se sent tout petit face à ce phénomène un peu irréel qui nous dépasse vraiment. Rien de tel pour mettre de l’ambiance, voire de l’hystérie dans un groupe !!